On trouvera dans Chevaliers et chevalerie au Moyen Âge ( Jean Flori, , Hachette, 2004) une excellente présentation de ce qu’est la chevalerie et le chevalier au Moyen Age.
Très brièvement, et avec des raccourcis faciles, au Haut Moyen Age, le chevalier ou « miles » est un membre de la société féodale. Il est avant tout un combattant à cheval. Contrairement à ce qui est souvent mis en avant, le chevalier n’est pas forcément un noble et le noble n’est pas obligatoirement chevalier. Il est défini comme le serviteur du chatelain d’un lieu et est considéré comme son vassal. Comme tel il lui rend hommage. Au fil du temps, l’Eglise, qui voyait d’un fort mauvais œil cette classe militaire, imposa quelques recommandations pieuses. Enfin, c’est avant tout l’amour courtois chanté par les troubadours qui promut l’image de loyauté, de valeur et de prudence du chevalier. (ou comment en deux phrases faire un résumé forcément impartait).
Même si le terme est le même, il n’y a aucun rapport entre le serf armé du Xie, chevalier de par les armes reçues, le nobliau adoubé du XIIIe, le membre d’un ordre religieux militaire ou le noble du XVe pour lequel vivre en chevalier correspond déjà à un désir de revenir à un idéal disparu.
Un chevalier peut en faire un autre chevalier....
Oui et non. Tout d’abord un suzerain du XIe n’a certainement pas besoin d’être lui même chevalier pour faire un homme chevalier. Il est probablement noble et confère le rôle de chevalier. Au XIIe, disons qu’un chevalier peut en faire un autre chevalier. La cérémonie de l’adoubement tomba en désuétude dès le XIVe siècle et ne réapparut essentiellement que pour des motifs politiques
A partir du XVe siècle, la notion de chevalerie est totalement remise en cause. Avec l’affermissement des pouvoirs royaux, l’idée de donner d’homme à homme la chevalerie est plus ou moins caduqye et dans la pratique ne sont plus chevalier que les membres des ordres créés par les souverains. Le chevalier est aussi un rang de noblesse et est donc transmissible par héritage, mais il ne peut évidemment pas se conférer. La source de toute chevalerie étant devenue l’autorité suprême, c’est à dire le roi, devint la seule « fontaine d’honneur », c’est à dire la personne de qui émane le droit de faire chevalier.
Un moyen efficace de circonvenir l’autorité politique des ordres religieux de chevalerie fut alors de se nommer (ou de se faire choisir comme) grand maître des ordres et donc comme seule nouvelle source de chevalerie ou, plus couramment, de créer de nouveaux ordres tout en cessant de reconnaître la valeur des autres ordres
De nos jours cela veut dire que seul le suzerain ou l’autorité, c’est à dire le chef de l’état (ou le roi), peut conférer le titre de chevalier. En France ce droit revient au président qui a sa disposition des ordres spécifiques (Légion d’Honneur, Ordre National du Mérite...). En Grande Bretagne il s’agit évidemment de la reine et en Belgique du roi. A titre exceptionnel et avant tout historique, quelques ordres comme l’ordre de Malte, conservent la possibilité de nommer des chevaliers. Il s’agit alors d’une reconnaissance privée.
Chevalier ou pas ?
Pour être chevalier de nos jours, les possibilités sont les suivantes :
- Etre fait chevalier par une fontaine d’honneur reconnue, c’est à dire un chef d’état
- Hériter du titre, même si en France cela ne veut plus rien dire, la république ne reconnaissant évidemment aucun titre nobiliaire.
- Etre fait chevalier par un ordre souverain comme l’ordre de malte.
Mais lors où se situent tous nos célèbres "chevaliers" qui s'aboubent les uns les autres? Nulle part. Dans l'immense majorité des cas un particulier s'est tout bonnement attribué le droit souverain de s'auto créer chevalier et de décerner le titre à autrui. Est ce que cela a la moindre valeur? Evidemment non, sauf pour les personnes concernées.
Dans un grand nombre de cas il s'agit d'une reconnaissance symbolique, historique ou folklorique (chevaliers des mangeurs d'andouilles ou chevalerie des confrères de la dive bouteille...) qui ne se prennent évidemment pas au sérieux. Plus généralement on confère ce grade aux membres d'une association qui ont oeuvré pour celle ci ou pour des actions charitables... bref rien de bien méchant.
Dans quelques cas, ils y croient, les bougres! Et là on entre dans un tout autre domaine. Sans parler des sectes pseudo initiations du genre "je te fais chevalier, tu me fais un bisou sur les fesses", on a quelques escrocs patentés "je te fais chevalier, c'est joli, tu me files 100 balles" et surtout les "je te fais chevalier car j'ai été moi même adoubé mar machin qui l'a été par machin"... et quand on creuse un peu on arrive généralement à un illustre inconnu du XIXe qui a tout recréé à sa sauce.
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