Les Journées du patrimoine replacent l'homme dans leur histoire
lundi 20.09.2010, 05:08 - La Voix du Nord
Dimanche, le Vieux-Lille n'a peut-être jamais si bien porté son nom! On s'y croirait... Dimanche, le Vieux-Lille n'a peut-être jamais si bien porté son nom! On s'y croirait...
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Et si le patrimoine était aussi l'être humain ? À Lille, en tout cas, la 27e édition des Journées du même nom a fait la part belle aux hommes et à leurs traditions. Du côté de la cathédrale de la Treille et de l'hospice Comtesse, le spectacle était au rendez-vous, avec des démonstrationsde savoir-faire et de combats d'antan qui ont épaté le public. Rencontres sur le pré.
PAR FRÉDÉRICK LECLUYSE
lille@lavoixdunord.fr PHOTOS PIB
Ils se nomment les Gentilshommes de la Brette (*). Autour de l'îlot Comtesse, les spectateurs ne perdent pas une miette du spectacle qu'ils interprètent. Nous revoilà sous l'Ancien Régime. Un pan du patrimoine ? « Évidemment », répond, épée à la main, Guillaume Aycard, président de ces iconoclastes escrimeurs, qui vivent habituellement leur passion dans la salle d'armes aménagée dans la crypte de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul, à Wazemmes. L'homme est un ardent défenseur des arts martiaux façon cape et d'épée. « Je n'ai jamais compris la prééminence donnée aux arts martiaux asiatiques alors que nous avons les nôtres à mettre en avant, à remettre au goût du jour. » Sur le pré, le cliquetis des lames annonce que les combats s'intensifient. Tous les participants sont vêtus à la mode du XVIIe. « L'époque moderne », souligne Alexandre Guidoux, jeune trésorier des bretteurs et des bretteuses. Il y est tombé en immersion à l'âge de 14 ans. Depuis, il se pique au jeu. « On s'intéresse à toutes les armes, y compris les épées médiévales. » Petite précision : contrairement aux images colportées dans les films, ces épées ne pèsent pas dix tonnes. « Un kilo et demi, pas plus, assure ce dernier, sinon les combattants auraient été lessivés en quelques minutes ; c'étaient des armes destinées à lutter contre les attaques de cavalerie. » Au milieu de la troupe, un monsieur d'un âge certain aboie ses ordres. C'est le maître d'arme des Bretteurs lillois. Il se nomme Fernand-Claude Lafitte. Il a cette particularité d'avoir entraîné un certain Didier Flamant, plusieurs fois champion du monde d'escrime. Quand on parlait de patrimoine...
Un peu plus loin, du côté du parvis de la Treille, les habitants d'un hameau tout droit venu de l'âge médiéval côtoient ceux d'un village d'artisans d'art et de restauration. Ce sont les membres de l'association Renaissance du Lille ancien qui en sont les promoteurs. Parmi ces travailleurs qui perpétuent des savoir-faire millénaristes, Louis, jeune Lillois de 19 ans. Son graal, c'est la pierre. Après un bac économique et social, il rejoint Saumur pour y apprendre un métier : tailleur de pierre. « J'attends maintenant de commencer mon Tour de France pour être compagnon. Ce qui m'attire ? C'est la matière, j'avais toujours voulu faire un métier manuel. » Au cours des siècles, ils furent des cohortes pour tailler ces pierres dont se nourrissent les Journées du patrimoine. •
(*) Épée ancienne à la lame longue et étroite.